Prélèvement à la source : pourquoi ça grogne du côté des entrepreneurs ?
Les impacts pour les entreprises, notamment les TPE et PME, font grincer des dents.
L’instauration du prélèvement à la source de l’impôt, votée en décembre dernier, prendra effet le 1er janvier 2019, un an plus tard que la date initialement prévue. Mais avec quels impacts concrets pour les entreprises ?
Article publié le 13/12/2017 - Mis à jour le 05/07/2018
Prélèvement à la source : pourquoi une telle réforme ?
Le gouvernement explique sur son site que la réforme du système de paiement de l’impôt sur le revenu va permettre de mieux protéger les Français : « elle les met à l’abri de tous les changements de situation (chômage, retraite, naissance, baisse de salaire…), parfois imprévisibles, et elle leur rend de la trésorerie, tout en préservant la confidentialité de l’impôt ». Les contribuables, qui prendront connaissance au printemps 2018 du taux d’imposition qui leur sera appliqué dès le 1er janvier 2019, n’auront plus aucune surprise. « Dès le premier revenu versé en 2019, ce taux de prélèvement est appliqué au salaire, à la pension ou au revenu de remplacement : le prélèvement à la source est automatique, et apparaît clairement sur la fiche de paie », précise le portail de l'Économie, des finances, de l'action et des comptes publics.
Trois taux différents (le taux global –pour l’ensemble du foyer fiscal-, le taux neutre –qui permet de préserver la confidentialité des revenus du foyer- et le taux individualisé –pour mieux répartir le montant des impôts au sein du foyer en fonction des revenus de chacun-) verront le jour, dans le cadre de ce prélèvement à la source.
La déclaration annuelle de revenus restera en place, afin de permettre aux contribuables de continuer à bénéficier des différentes mesures fiscales, comme les crédits d’impôts ou les réductions en tout genre. Ces derniers seront bien entendu maintenus. Le crédit d’impôt lié aux frais de garde d’enfants de moins de 6 ans sera par exemple versé en deux fois. Un premier acompte équivalent à 30% du crédit d’impôt de l’année précédente sera versé dans le courant du 1er semestre 2019 et le solde en août 2019. De quoi rassurer tous les particuliers !
Et ces particuliers employeurs, qui restent des patrons, peuvent être rassurés : ils auront un an supplémentaire pour se mettre au pas. Le gouvernement a en effet annoncé ce matin, jeudi 5 juillet, qu'il octroyait un décalage d'un an, jusqu'au 1er janvier 2020, donc, pour le prélèvement à la source des employés de particuliers. « Ce décalage d’une année est une mesure de simplification, explique ainsi Gérald Darmanin, le ministre des comptes publics, dans une interview publiée dans La Croix. Il va nous donner le temps de finaliser le système tout en un qui permettra, à partir de janvier 2020, à tous les particuliers employeurs de déclarer aisément leurs salariés et d’acquitter en même temps aussi bien les cotisations sociales que l’impôt à la source. »
Prélèvement à la source dans les TPE et PME : une source d’angoisse pour les patrons
Il n'en reste pas moins que la grogne demeure du côté des entreprises, qui, elles, ne se voient accorder aucun délai supplémentaire ! La plupart des représentants de dirigeants d’entrepreneurs montent en effet au créneau pour dénoncer un « nouveau choc de complication », selon les termes de Marc Sanchez, Secrétaire général du Syndicat des Indépendants (SDI). Ce dernier met en avant le fait que le prélèvement à la source représente d’énormes responsabilités administratives et financières, mais également un réel bouleversement dans les relations sociales au sein de l’entreprise. Il rappelle également que l’application de cette réforme reste conditionnée à la déclaration sociale nominative (DSN) qui est « encore loin d’être déployée dans l’ensemble des entreprises, notamment les très petites de 1 à 5 salariés ». Le SDI a d’ailleurs mené une enquête au cours du mois de mai dernier qui « démontre que les TPE ne sont elles-mêmes pas en mesure administrative d’assurer la viabilité du projet ».
Pour lui, la mise en place de ce PAS géré par les entreprises ne peut se révéler qu’une « nouvelle source d’angoisse et de barrières au bon fonctionnement de l’entreprise ».