Franchisés : comment gérer la charge mentale et prévenir le burn-out

La charge mentale des chefs d’entreprise franchisés reste un sujet tabou. Elle peut pourtant entraîner un burn-out si son trop plein n’est pas correctement anticipé. Laurie Piffero, coach business spécialisée et fondatrice de l’agence Bazik, a accordé une interview exclusive à Toute la Franchise pour expliquer aux entrepreneurs comment détecter les signes d’alerte, déléguer efficacement et réévaluer ses priorités pour préserver sa santé mentale et continuer à développer son réseau de franchise.

Comprendre la charge mentale des franchisés et le risque de burn-out

La charge mentale des franchisés est une réalité quotidienne. Laurie Piffero, coach business spécialisée dans la prévention du burn-out des entrepreneurs et fondatrice de Bazik, explique : « Chaque personne qui a vécu [un burn-out] aura sa définition en fonction de son parcours. Globalement, je dirais que c’est quelque chose qui se fait en plusieurs étapes. Très souvent, chez les entrepreneurs, ça commence par la passion pour son travail… Puis, au bout d’un moment, on entre dans une phase où le corps commence à envoyer des signaux. On commence à avoir des migraines, se coincer le dos, à se sentir un peu plus fatigué… Ensuite, si on l’ignore et qu’à ce moment-là, on ne réagit pas, on rentre vraiment dans la phase burn-out qui s’apparente à une forme de dépression professionnelle, un manque de sens, une frustration où l’on n’a plus envie de continuer. »

Et c’est souvent à ce moment-là qu’il convient de se poser les bonnes questions et ne pas avoir peur des mots : « A partir du moment où cela devient récurrent, où le mal de tête revient de plus en plus souvent, où l’on se demande si notre corps nous parle, c’est généralement le signe que la situation est suffisamment préoccupante pour que nous puissions agir ! »

Pourquoi les franchisés sont particulièrement exposés à la surcharge mentale

Être chef d’entreprise, que l’on soit solo ou en franchise, implique de jongler avec de nombreuses responsabilités.
« Bien sûr, il existe des postes à responsabilité dans le salariat, nuance l’experte en épuisement professionnel. Toutefois, il n’y a pas cette pression de devoir obtenir des résultats… En tant que chef d’entreprise, si je ne travaille pas, selon mon modèle économique, il est compliqué de maintenir le même niveau de chiffre d’affaires et de rémunération… Nous avons tendance à penser que nous devons être opérationnels, gérer et être performants. Cela complique le travail de prévention, et nous avons encore plus de difficulté à ne pas tirer sur la corde. »

Cette responsabilité accrue explique pourquoi la gestion du stress en franchise est cruciale pour éviter le burn-out.

Détecter les signaux d’alerte pour agir à temps

La prévention du burn-out commence par la reconnaissance des signes avant-coureurs que l’on a cités un peu plus haut et qu’il convient de ne pas ignorer. La politique de l’autruche est rarement payante dans le cas d’un surmenage.

« Être accompagné permet d’avoir un regard extérieur qui manque souvent quand on a la tête dans le guidon, conseille la coach business. Tout le monde ne peut pas comprendre, même avec beaucoup de bonne volonté, les enjeux auxquels l’entrepreneur fait face. » En clair, l’entourage seul n’est pas toujours à même d’offrir des solutions au chef d’entreprise à bout de souffle. D’autant que l’entrepreneur est rarement disposé à avouer qu’il est au bord du burn-out.

« Il y a un vrai sentiment de honte qui ressort souvent, comme si cela était considéré comme une faiblesse. Nous sommes aussi des êtres humains, même en tant que chefs d’entreprise, et il est important de reconnaître que nous n’allons pas bien ! »

Déléguer et réévaluer ses priorités pour préserver sa santé mentale

Alors il y a un impératif pour alléger sa charge mentale de chef d’entreprise : déléguer efficacement ! C’est un des premiers éléments qui va permettre de reprendre son souffle et de retrouver une vraie sérénité entrepreneuriale. Mais attention, prévient Laurie Piffero, « il faut apprendre à bien déléguer, sinon on se retrouve à micromanager, ce qui entraîne encore plus de charge mentale et de contraintes ! »

A partir du moment où l’on a pris conscience de cette nécessité, « savoir quand et comment déléguer est essentiel pour préserver sa santé mentale et continuer à exercer son métier avec plaisir et efficacité. »

Cet épuisement professionnel peut aussi servir de signal pour se réaligner avec ses objectifs et ses valeurs : « Le burn-out peut également être perçu comme un cadeau, car il nous permet de réaliser que nous ne sommes plus alignés avec la direction dans laquelle nous étions partis… C’est le moment de se questionner sur les raisons pour lesquelles je me suis lancé. Sont-elles toujours alignées avec la personne que je suis devenue aujourd’hui ? »

Maintenir son bien-être dans un réseau de franchise

Et encore une fois, contrairement à ce que certains pourraient penser, même avec un cadre établi et des process clairs, les franchisés ne sont pas à l’abri d’un burn-out professionnel et doivent rester vigilants. « Même si la franchise nous donne un cadre et un modèle à suivre, nous restons seuls aux commandes de notre entreprise, rappelle l’experte, qui propose des programmes d’accompagnement adaptés aux entrepreneurs et franchisés, pour rester performant, aligné et serein dans la gestion quotidienne de son entreprise. Nous devons gérer de nombreuses choses au-delà de notre entreprise, et c’est souvent cela qui contribue à l’effet cocotte-minute, où, à un moment donné, nous n’en pouvons plus. »

Prévenir la charge mentale et le burn-out pour rester performant

Pour les franchisés, la prévention du burn-out est un enjeu stratégique autant que personnel. Repérer les signes d’alerte, déléguer intelligemment et réévaluer régulièrement ses priorités sont des clés pour continuer à développer son réseau tout en préservant sa santé mentale.

En bref- Ce qu’il faut retenir du burn out entrepreneurial

• Le burn-out chez les chefs d’entreprise commence souvent par une passion démesurée, suivie de signaux d’alarme physiques et psychologiques qui, s’ils sont ignorés, mènent à une dépression professionnelle.
• Les entrepreneurs ressentent une pression constante due à leur responsabilité directe sur les résultats économiques, les rendant moins enclins à prendre soin de leur santé mentale.
• La prévention du burn-out entrepreneurial passe par l’information, la socialisation et la reconnaissance de ses limites, ainsi que par l’importance de partager ses préoccupations pour ne pas tomber dans l’isolement.
• Le burn-out peut être un puissant catalyseur de changement, offrant l’opportunité de réévaluations profondes et de nouveaux départs.