Entreprendre après un cancer : « La maladie m’a donné une force que je ne soupçonnais pas ! »

Comment rebondir professionnellement après un cancer ? À l’occasion d’Octobre Rose, Corinne Gicquel, fondatrice du cabinet Reconversion en Franchise, souhaite aborder l’après-cancer, un passage invisible mais décisif dans la reconstruction d’une femme après la maladie.

Interview de Corinne Gicquel, Fondatrice Reconversion en Franchise

Publié le 03/10/2025 , Temps de lecture: 4 min

Entreprendre après un cancer : « La maladie m’a donné une force que je ne soupçonnais pas ! »

Vous avez été touchée par un cancer du sein il y a plusieurs années. Quel impact cette épreuve a-t-elle eu sur votre vie personnelle et professionnelle ?

Lorsqu’on m’a annoncé mon cancer en 2005, j’étais en contrat précaire. Sans droit au chômage, j’ai dû affronter, en plus de la maladie, une insécurité financière, sans oublier l’administratif qui se greffe en cas de difficulté . Ça peut paraître futile de penser à ça quand on a un cancer mais c’est ce que j’appelle la triple peine :

  1. soins
  2. charge mentale du quotidien
  3. pression économique.

On n’y pense pas toujours, mais c’est une réalité pour beaucoup de femmes.

Comment avez-vous trouvé la force d’avancer dans un tel contexte ?

Je suis quelqu’un de positif de nature et j’ai été cherché des aides car on vit un véritable bouleversement : le corps change, l’image de soi est bousculée, la fatigue est constante sans oublier le regard des autres. Une personne atteinte du cancer n’est pas obligatoirement triste et désœuvrée !

Le travail fait partie la reconstruction après un cancer et mener un projet vous aide à penser à autre chose et ça donne de l’énergie. Vous avez l’impression d’être « utile »

Selon vous, pourquoi l’APRES-CANCER pousse-t-il souvent à envisager une reconversion professionnelle ?

Le cancer casse les repères. On n’a plus de boussole. On se demande si on est encore capable de faire le même métier, si l’on va vous faire confiance, si on retrouvera sa place dans le monde du travail.

Après la maladie, le rapport au temps et à l’essentiel change complètement. C’est souvent le moment où l’envie d’entreprendre émerge, parce les femmes ont envie d’exister, de créer quelque chose en phase avec leur mode de vie. On est pleine d’énergie car on a une soif de vivre.

Créer son entreprise après un cancer, c’est une démarche fréquente, particulièrement en franchise ?

Oui, et je le constate régulièrement dans mon activité. L’entrepreneuriat attire parce qu’il permet de reprendre le contrôle, d’agir pour soi, à son rythme.

La franchise est un facilitateur et pourtant encore peu y pense. Le fait de n’être pas seule tout en étant indépendante séduit, on intègre un réseau, on suit un modèle éprouvé. C’est un bon compromis entre autonomie et accompagnement, surtout après une période aussi déstabilisante qu’une maladie.

Ce choix est-il bien perçu par l’entourage ?

Cela dépend de son entourage. Lancer son entreprise après un cancer, ça peut sembler risqué ou incompréhensible aux yeux de proches bien intentionnés. Il y a tellement de peur derrière le mot « cancer » que certains conjoints hésitent à laisser leur femme oser. Le salariat est forcément perçu comme plus sécurisant. Mais justement, entreprendre peut être un formidable levier de reconstruction. On n’est plus dans l’attente, on devient actrice de son avenir. C’est un moteur énorme pour retrouver confiance en soi.

Créer son entreprise, reprendre une activité, c’est une manière concrète de tourner la page sans l’oublier. Il ne s’agit pas de minimiser la maladie, mais de l’intégrer à un nouveau projet de vie

Quels sont vos conseils pour les personnes touchées par une maladie grave et qui souhaitent rebondir professionnellement ?

D’abord, ne restez pas seules. Il existe de nombreuses structures, associations, groupes de soutien qui permettent de parler, d’échanger, de trouver des repères. Les proches, même bienveillants, ne comprennent pas toujours ce que l’on traverse.

Ensuite, croyez en vous ! Même si la maladie fragilise, elle ne vous définit pas.

Enfin, j’insiste sur un point souvent négligé : la prévoyance. On y pense pas mais quand on est cheffe d’entreprise, il est essentiel d’anticiper les coups durs. Mieux vaut y penser avant que le problème n’arrive.

Vous êtes engagée depuis plusieurs années dans le cadre d’Octobre Rose. En quoi cela consiste-t-il concrètement ?

Depuis 3 ans, j’organise Le Challenge Connecté Franchise pour affirmer que l’humain est au cœur de l’ADN des réseaux. Un formidable mouvement collectif et solidaire pour soutenir la NIAQUE l’asso et l’aider à financer des programmes collectifs et des coachings individuels pour les femmes qui ont combattu un cancer. L’objectif est de cumuler des points par équipe pour les transformer en dons pour l’association (10.000 € prévus).

En quoi cet accompagnement post-cancer est-il si important selon vous ?

Une fois les traitements terminés, c’est là que tout commence. Il n’y a plus de rendez-vous médicaux, plus de traitement à suivre, plus d’équipe médicale autour de soi. C’est à ce moment-là que le soutien humain et professionnel est crucial. Créer son entreprise, reprendre une activité, c’est une manière concrète de tourner la page sans l’oublier.

Il ne s’agit pas de minimiser la maladie, mais de l’intégrer à un nouveau projet de vie !

Sandrine Cazan, writer

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