“On ne manage pas vraiment, on accompagne”, Jérémie Lamboulé, fondateur du réseau Le Coq Couvreur
Changer de vie pour redonner du sens à son travail, c’est le pari qu’a fait Jérémie Lamboulé. Ancien ingénieur industriel devenu couvreur, il a lancé en 2025 son propre réseau de franchise, Le Coq Couvreur, avec une vision claire : rendre l’entrepreneuriat accessible aux artisans du bâtiment. Dans cette interview sans filtre, il partage son parcours atypique, sa philosophie du management, les coulisses de la création de son réseau et ses ambitions pour les années à venir. Un témoignage inspirant pour tous ceux qui rêvent d’entreprendre autrement.

LE COQ COUVREUR
Parlez-nous de votre parcours avant de créer ce réseau de franchise. Qu'est-ce qui vous a poussé à vous lancer dans l'entrepreneuriat ?
Avant de me lancer dans la couverture, j’étais ingénieur, spécialisé en amélioration de process industriels. J’ai travaillé une dizaine d’années, dont plusieurs à l’étranger, notamment au Royaume-Uni. Mais j’avais un besoin profond de revenir à quelque chose de plus concret, de plus manuel et plus aligné avec mes valeurs. En 2023, j’ai décidé de repartir de zéro : j’ai repassé un CAP de couvreur, et j’ai lancé mon activité en tant que micro-entrepreneur, sans aucun client au départ. L’envie d’entreprendre était déjà là, mais je voulais bâtir un projet de terrain, solide, et vraiment humain.
Quelle a été l'inspiration derrière la création de ce réseau ? Aviez-vous identifié un besoin particulier dans le marché ?
Oui, très clairement. Le marché de la couverture est en forte demande, mais beaucoup d’artisans sont isolés, mal accompagnés, ou freinés par l’administratif et la prospection. Moi-même, j’ai ressenti ces difficultés à mes débuts. Et pourtant, j’ai réussi à générer 170 000 € de chiffre d’affaires dès ma première année. J’ai alors compris qu’il y avait un modèle à structurer : une forme de franchise accessible, concrète, sans lourdeur, qui permette à d’autres couvreurs de se lancer à leur compte sans repartir de zéro.
Quels sont les avantages et les défis spécifiques à la franchise par rapport à d'autres modèles d'entrepreneuriat ?
Le principal avantage, c’est de pouvoir se lancer avec un cadre, une méthode, un accompagnement, tout en restant autonome sur le terrain. C’est très sécurisant, surtout dans un métier exigeant comme le nôtre. Le défi, c’est de maintenir une cohérence de qualité dans le réseau, tout en respectant la liberté de chaque licencié. Il faut être structurant sans être contraignant, exigeant sans être rigide. C’est un vrai équilibre humain.
Quels ont été les plus grands défis que vous avez rencontrés lors du développement du réseau ?
L’un des premiers défis a été de construire une marque professionnelle avec très peu de moyens au départ. Ensuite, il a fallu réussir à transmettre l’esprit du projet : montrer que c’est une vraie opportunité, mais qu’il faut aussi être prêt à s’investir. Et enfin, je dirais que le plus dur, c’est d’éduquer le marché. Beaucoup d’artisans pensent encore qu’une franchise est forcément chère, contraignante, ou faite pour les grandes enseignes. Or ici, on est à contre-courant : 0 € de droit d’entrée, pas de royalties, et un accompagnement humain de terrain.
Comment manage-t-on un réseau de chefs d’entreprise ?
On ne “manage” pas vraiment, on accompagne. Chaque licencié est un entrepreneur indépendant. Mon rôle, c’est de l’écouter, de le guider, de lui donner des outils, mais pas de lui dicter ce qu’il doit faire. Il faut être très disponible, bienveillant, et rester dans une posture d’entraide. La confiance est la base.
Décrivez-nous votre approche pour identifier et recruter de nouveaux partenaires ?
Je pars toujours du métier. Je cible en priorité des couvreurs expérimentés, qui rêvent de se mettre à leur compte mais n’osent pas franchir le pas. Ensuite, je prends le temps d’échanger avec eux : je veux m’assurer qu’ils ont non seulement les compétences techniques, mais aussi le bon état d’esprit. Ce n’est pas un recrutement de masse : je cherche des gens qui partagent mes valeurs, et qui veulent construire quelque chose sur le long terme.
Quels sont les critères clés pour sélectionner un candidat à la franchise ?
Le premier, c’est l’expérience en couverture-zinguerie. Le second, c’est la motivation à entreprendre. Et le troisième, c’est l’état d’esprit : je cherche des gens optimistes, rigoureux, capables d’avancer de manière autonome, mais qui savent aussi demander de l’aide quand il faut. Le matériel de base est minimal (un utilitaire, une plieuse), donc ce n’est pas une question de moyens, mais de posture.
Comment s'articule la collaboration entre le franchiseur et les franchisés ?
Elle est continue. Dès le départ, je suis là pour aider à la création de la structure, aux premiers devis, aux premiers chantiers. Ensuite, je reste disponible au quotidien : via téléphone, Discord, visio… Je fais aussi des points réguliers pour faire le bilan, ajuster les pratiques, et faire progresser l’activité. C’est une relation de confiance et d’amélioration mutuelle.
Avez-vous des mentors ou des modèles qui vous ont inspiré ?
Je me suis beaucoup inspiré de parcours d’entrepreneurs qui ont su créer des modèles simples, efficaces, et profondément humains. Je pense à des artisans devenus franchiseurs en gardant les pieds sur terre, ou à des indépendants qui ont structuré des réseaux à partir de leur savoir-faire.
Quel est votre livre ou film préféré sur l'entrepreneuriat ?
Je dirais Le Fondateur ("The Founder"), qui retrace l’histoire de Ray Kroc et de la création du réseau McDonald’s. Ce film montre très bien que l’âge n’a aucune importance quand on veut entreprendre, et qu’au final, ce qui fait la différence, c’est la détermination. Peu importe les obstacles ou les critiques : la persévérance reste le principal moteur de réussite.
Avez-vous des anecdotes amusantes ou inspirantes à partager sur votre parcours ?
Ce que je trouve le plus inspirant dans mon parcours, c’est de constater à quel point une vie peut changer radicalement une fois qu’on dépasse ses peurs. Ce n’est pas le manque de compétences ou de moyens qui bloque le plus souvent, c’est l’invisible : la peur de quitter sa zone de confort, les doutes, les croyances limitantes. Tout ça, c’est immatériel, mais ça peut être plus paralysant que n’importe quelle contrainte réelle. Le jour où j’ai décidé d’ignorer ces peurs, de me lancer malgré l’inconfort, tout a commencé à changer. Et aujourd’hui, je suis profondément aligné avec ce que je fais. Je me dis souvent : ce n’est pas le métier qui fait la réussite, c’est le courage de franchir le premier pas.
Quelle est votre vision pour l'avenir du réseau ?
Mon objectif est clair : avoir un franchisé Le Coq Couvreur dans chaque département de France, dans les 5 ans. Je veux bâtir un réseau solide, humain, rentable, capable de faire rayonner un artisanat de qualité, sans jamais déshumaniser la relation. Je crois dans l’intelligence collective, dans la transmission du savoir-faire, et dans l’entrepreneuriat responsable. Le Coq Couvreur, ce n’est pas juste un nom : c’est une manière de travailler avec fierté.
Quel est l’état actuel de votre développement ? Et quelles sont vos ambitions pour cette année et à plus long terme ?
Le réseau a été lancé officiellement en mai 2025 après deux ans de structuration, de test terrain et de mise en place des outils. Nous avons aujourd’hui plusieurs franchisés en activité, chacun dans une zone géographique distincte, et les retours sont très positifs. L’ambition pour cette première année est de structurer une dizaine d’implantations bien accompagnées, sur des secteurs stratégiques. À plus long terme, notre objectif est clair : avoir au moins un franchisé par département dans les 5 prochaines années. Mais au-delà des chiffres, je privilégie une croissance qualitative : chaque nouveau franchisé doit se sentir soutenu, aligné avec les valeurs du réseau, et rentable dès les premiers mois.
Comment le réseau s'adapte-t-il aux nouvelles technologies et aux tendances du marché ?
Nous avons intégré dès le départ des outils numériques pour simplifier le quotidien des franchisés : logiciel de devis et de suivi d’activité, application de prospection locale, messagerie instantanée pour échanger rapidement, tableau de bord partagé pour piloter la rentabilité. En parallèle, nous restons attentifs aux nouvelles attentes des clients finaux : réactivité, clarté des devis, communication par SMS ou WhatsApp, présence en ligne bien référencée... L’adaptabilité fait partie de notre ADN, et nous mettons à jour nos outils et méthodes en continu pour rester dans l'air du temps.
Quels conseils donneriez-vous à un entrepreneur qui souhaite rejoindre un réseau de franchise ?
Ne choisissez pas un réseau uniquement pour ses promesses commerciales. Choisissez un projet dans lequel vous vous reconnaissez humainement, et qui vous donnera les moyens d’être autonome sans être seul. Posez toutes vos questions, allez au fond des choses, rencontrez les fondateurs si possible. L’important, ce n’est pas juste d’entrer dans un réseau, c’est de trouver un cadre qui vous permettra de grandir, à votre rythme, avec du sens.