De la solitude du dirigeant à la force de frappe du réseau : Le franc-parler d'un multi-franchisé
« J'étais à mon compte, mais j'en avais marre d'être seul. » Un entrepreneur explique pourquoi il a quitté l'entrepreneuriat solo pour rejoindre un réseau. De l'artisan isolé au chef d'entreprise épaulé par un réseau : découvrez son parcours et ce que la franchise lui apporte vraiment.
Publié le 10/12/2025 , Temps de lecture: 6 min
Franchise : « J’en avais marre d’être seul » – Retour d’expérience brut d’un multi-franchisé
C’est souvent le grand écart qui guette l’aspirant entrepreneur : le fossé entre le business plan idéal et la vie quotidienne du dirigeant. Pour comprendre ce qui se joue vraiment lors de la signature d’un contrat de franchise, il faut parfois laisser la théorie au vestiaire et écouter ceux qui ont les mains dans le cambouis.
Lors d’un webinaire sur les fondamentaux de la franchise, coorganisé par France Travail et Toute la Franchise, c’est surtout le témoignage de Thomas Bex, multi-franchisé Attila, qui a marqué les esprits. En 2013, ce dernier est passé du statut d’indépendant isolé à celui de chef d’entreprise en réseau. Il n’est pas couvreur et avoue même « bricoler relativement mal », et pourtant, il dirige aujourd’hui deux agences spécialisées dans l’entretien et la réparation de toiture en région bordelaise.
Pourquoi avoir choisi d’entreprendre en franchise ? Est-ce que ça vaut vraiment le coup de lâcher un pourcentage de son chiffre d’affaires ? Loin de la langue de bois institutionnelle, ce multi-franchisé nous a livré un retour d’expérience sans filtre sur son quotidien de franchisé. Nous avons isolé pour vous les moments forts de cette intervention vérité.
Le Déclic : « J’en avais marre d’être seul »
Q : On entend souvent que l’entrepreneur cherche la liberté totale. Pourtant, vous avez choisi un cadre très structuré. Pourquoi ce revirement ?
Thomas Bex : C’est simple : j’en avais marre d’être seul. Avant Attila, j’étais déjà à mon compte, mais je souffrais de cette solitude du dirigeant. Je n’avais personne avec qui me “benchmarker”, personne pour partager mes galères ou valider mes idées.
Je voulais continuer à entreprendre – je crois que je n’étais pas assez “sexy” pour le salariat de toute façon (rires) – mais je voulais le faire en équipe. La franchise, c’était la solution évidente pour garder mon indépendance sans l’isolement.
Le Financement : L’effet de levier de l’enseigne
Q : Parlons cash. Ouvrir une franchise Attila nécessite plus de 200 000€ d’investissement. C’est plus facile avec une enseigne derrière soi ?
T.B. : C’est le jour et la nuit ! Si j’étais allé voir les banques avec le projet “Thomas Couverture”, je serais reparti avec un stylo et c’est tout. Je n’y connaissais rien techniquement. Mais là, j’arrivais avec un concept éprouvé, des ratios, des comparables.
J’ai présenté mon dossier à six banques, j’ai eu six accords. Le vrai défi, ce n’était pas de financer l’outil de travail, c’était de financer ma vie perso. Contrairement à beaucoup, je ne venais pas du salariat, donc pas de chômage, pas d’ARCE pour maintenir mon salaire au début. Ça, le banquier le regarde de près. Il faut avoir les reins solides ou un conjoint qui assure derrière.*
Le Choc des Cultures : Manager sans savoir-faire technique
Q : Vous le dites vous-même, vous n’êtes pas du bâtiment. Comment on gère des couvreurs quand on ne sait pas tenir un marteau ?
T.B. : C’est l’éternelle question de la légitimité. J’avais managé des cadres et des commerciaux, je pensais savoir-faire. Erreur. Manager des compagnons, des ouvriers, c’est un autre monde. J’ai dû apprendre, me planter, et apprendre encore.
Le fondateur de l’enseigne m’avait prévenu : il ne voulait pas de couvreurs, il voulait des gestionnaires avec un œil neuf, orientés service client. La technique, ça s’apprend ou ça se recrute. L’esprit d’entreprise, c’est ce qu’on a dans les tripes. La formation initiale dispensée par le réseau a été cruciale, pas tant pour la technique pure, mais aussi pour créer cet esprit de corps avec les autres franchisés de ma promo.
La Force du Réseau : Plus qu’un slogan, une assurance-vie
Q : Concrètement, quand ça va mal, le réseau est vraiment là ? Ou le fameux accompagnement en franchise, c’est uniquement du marketing ?
T.B. : Je vais vous donner un exemple concret. J’ai eu un client qui m’a laissé une ardoise monumentale. Trésorerie dans le rouge. J’ai appelé la centrale d’achat du réseau, j’ai expliqué la situation. Ils m’ont décalé mes prélèvements sans discuter. Comme pour le banquier, si j’avais été “Thomas Couverture”, mon fournisseur m’aurait coupé le compte.
Autre exemple : j’avais un chantier amiante complexe, plus de gars dispos. J’ai appelé un collègue franchisé de Bordeaux, il m’a détaché deux techniciens formés. C’est ça la réalité du terrain.
Et puis, soyons clairs : sans le maillage territorial du réseau, jamais nous n’aurions remporté l’appel d’offres régional pour l’entretien des bâtiments de l’État en Nouvelle-Aquitaine. Seul, je ne couvre qu’un petit secteur. Mais parce que l’enseigne est présente à Pau, Dax, Bordeaux ou Limoges, nous avons pu faire front commun et rassurer le donneur d’ordre. C’est un marché totalement hors de portée d’un artisan isolé.
Le sujet qui fâche : Les Redevances
Q : Quand on réussit et qu’on fait du chiffre, signer le chèque des royalties chaque mois, ça ne fait pas mal au cœur ?
T.B. : On ne va pas se mentir, quand la boîte tourne fort, les montants deviennent conséquents. J’ai vu des collègues partir parce qu’ils trouvaient ça trop cher payé. C’est un calcul à faire.
Moi, je vois ça comme une rétribution logique d’une dynamique globale. On a des taux de marge supérieurs à la moyenne du secteur, un chiffre d’affaires plus élevé. Je considère que l’apport en notoriété, en marketing et en innovation vaut le coût. C’est un investissement, pas juste une taxe. Mais c’est vrai, il faut l’accepter psychologiquement.
Le Mot de la Fin
Q : Si c’était à refaire ?
T.B. : Je resigne demain. Avec la même enseigne. Je ne ferais pas forcément les mêmes choix de vie perso, mais le même choix professionnel. Être entrepreneur, c’est dur, il faut bosser, surtout la première année où on ne se paie pas. Mais il y a une chose essentielle que j’ai apprise : il ne faut pas s’interdire d’être heureux. L’entrepreneuriat ne doit pas être un cumul d’ennuis, ça doit rester une aventure humaine.
Envie d’aller plus loin ?
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Ce qu’il faut retenir de cette intervention pour votre futur projet de franchise :
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La crédibilité bancaire : La marque vous ouvre des portes que votre seul nom ne peut pas forcer.
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La compétence transférable : Vous n’avez pas besoin d’être un technicien pour réussir dans un métier technique, mais vous devez savoir manager.
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La solidarité opérationnelle : Le réseau sert de vivier de ressources (hommes, matériel, trésorerie) en cas de coup dur.
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La résilience financière : Prévoyez de quoi vivre la première année sans compter sur les bénéfices de votre entreprise (ARCE, épargne, conjoint).











