Intelligence artificielle et franchise : Comment la puissance du réseau peut combler le retard des PME

Il faut vivre en ermite pour ne pas l’avoir remarqué : l’intelligence artificielle s’impose à grande vitesse dans le monde de l’entreprise. Pourtant, derrière ce déploiement accéléré se cache une fracture de plus en plus marquée : si les grandes entreprises montent à bord du train de l’innovation, les PME, faute de moyens et d'expertise, restent souvent sur le quai. C’est ce que confirme le dernier rapport de l’Insee sur les technologies de l'information* : l’adoption de l’IA progresse, mais à deux vitesses.

Un fossé qui, de prime abord, pourrait inquiéter l’écosystème de la franchise, majoritairement composé de petites structures. Et si, au contraire, le modèle du commerce associé était la passerelle la plus pertinente pour démocratiser l’IA ? Analyse d'un avantage concurrentiel encore trop peu considéré.

La double peine des PME françaises face à l’IA

Les chiffres publiés par l'Insee sont sans appel. En 2024, si 10% des entreprises françaises, tous secteurs confondus, ont recours à l’IA, ce chiffre masque une réalité à deux vitesses. D'un côté, un tiers des entreprises de 250 salariés ou plus ont adopté ces technologies. De l'autre, à peine 9% des structures de 10 à 49 salariés ont sauté le pas. Le plus inquiétant ? Cet écart de 24 points s'est aggravé par rapport à 2023.

Cette disparité est la conséquence de barrières bien réelles. L’adoption de nouvelles technologies implique de supporter des coûts fixes importants et requiert des compétences pointues. Les entreprises qui utilisent l’IA sont, par exemple, bien plus susceptibles d'employer du personnel spécialisé dans les TIC (46% contre 13% pour les non-utilisatrices). Pour une TPE ou une PME, mobiliser un tel capital et de telles compétences relève souvent de la mission impossible.

Concrètement, l’adoption de l’IA n'est pas qu'une affaire de logiciel, c'est avant tout une affaire de talents. Pour un chef d’entreprise, cela signifie devoir se battre sur le marché du recrutement pour attirer des profils rares, chers et difficiles à fidéliser. Ce gouffre de compétences, bien plus que le coût d'une licence, est le véritable mur qui risque de laisser sur le bas-côté les entreprises non accompagnées.

Le franchiseur, catalyseur d’innovation

Face à ce défi colossal, le modèle de la franchise offre une réponse à la fois concrète et efficace. Une autre statistique issue du rapport de l’Insee vient renforcer cette idée : près de 70% des entreprises ayant adopté l’IA se sont tournées vers des solutions "prêtes à l’emploi", sans passer par un développement sur mesure. En clair : inutile de réinventer la roue.

Et c'est ici que la magie du réseau opère. La tête de réseau, par sa taille et ses ressources, peut endosser ce rôle de "directeur de l'innovation" pour l'ensemble de ses franchisés. Concrètement, la tête de réseau peut jouer ce rôle en trois étapes clés :

• Veiller et tester : La tête de réseau dispose des moyens pour sonder le marché, identifier les solutions d’IA les plus pertinentes pour son secteur d'activité et les tester en conditions réelles.
• Sélectionner et négocier : Une fois l'outil validé, elle peut négocier des tarifs de groupe, transformant un coût d'acquisition prohibitif pour une PME isolée en une charge optimisée et accessible pour chaque membre du réseau.
• Déployer, intégrer… et simplifier : Elle assure le déploiement de la solution, son intégration avec les autres outils du réseau et sa maintenance, déchargeant le franchisé d'une complexité technique considérable.

Cette mutualisation des coûts et des risques est l'essence même du commerce associé. Elle permet au franchisé de bénéficier d’outils technologiques de pointe, testés et adaptés, sans avoir à en assumer seul la complexité ni le coût.

L’accompagnement, véritable atout du réseau

Acquérir une solution d’IA ne suffit pas. Encore faut-il savoir s'en servir. L'étude de l'Insee le souligne : l'adoption de l’IA est fortement corrélée à la présence de compétences en interne. C'est sur ce point que l’accompagnement du franchiseur devient un avantage compétitif décisif.

Là où une PME indépendante doit chercher et financer la formation de ses équipes, le franchisé bénéficie d'un écosystème conçu pour le faire monter en compétences. La formation initiale et continue, pilier de tout bon réseau de franchise, peut et doit intégrer des modules dédiés aux nouveaux outils digitaux. Le support technique et le partage de bonnes pratiques entre les membres du réseau créent également un environnement d'apprentissage collectif qui accélère l'appropriation des technologies.

Demain, on choisira son franchiseur sur sa stratégie IA

Pour un candidat à la franchise, cette analyse doit faire évoluer sa grille de lecture. Bien sûr, les données financières, la notoriété de l’enseigne ou encore la qualité de l’accompagnement restent des critères de sélection essentiels. Mais désormais, la maturité numérique du réseau devient un élément tout aussi décisif.

Dans le choix de sa franchise, en plus des questions classiques, il devient pertinent d’interroger le franchiseur sur sa stratégie IA. Par exemple :

• Quelle est votre feuille de route en matière d’intelligence artificielle ?
• Quels outils "prêts à l'emploi" mettez-vous (ou comptez-vous mettre) à disposition du réseau ?
• Comment accompagnez-vous vos franchisés dans l’appropriation de ces technologies ?

Les réponses à ces questions en diront long sur la capacité du réseau à se projeter dans l'avenir, à anticiper les évolutions du marché, à innover… et à faire grandir ses partenaires. Car la véritable force d'un réseau ne se mesure pas seulement à son concept et sa marque, mais aussi à transformer les innovations en opportunités accessibles pour tous ses membres.

*Source : Les technologies de l’information et de la communication dans les entreprises en 2024 – Insee