Reprise de franchise : 6 étapes à respecter
Suite et fin du dossier : Reprendre une entreprise sous enseigne en franchise
La reprise d'une entreprise en franchise nécessite de prendre des précautions vis-à-vis de l'entreprise elle-même mais aussi du réseau avec laquelle elle travaille sous enseigne. Un diagnostic, puis un audit sont à prévoir.
Traditionnellement, l'on distingue 6 grandes étapes clés pour reprendre une entreprise en franchise :
Etape 1 : Validation de la motivation / définition des priorités
Qu'il s'agisse d'une création ou d'une reprise, la première des choses à faire est de valider sa motivation et de définir les grandes priorités de son projet. Cette étape est cruciale pour la suite et ne doit pas être prise à la légère. Elle en passe souvent par un bilan de compétences qui a l'avantage de cerner les atouts et les faiblesses du repreneur.
Les bonnes questions à se poser à ce stade sont notamment : Est-ce que je suis prêt à devenir patron ? Si oui, pourquoi ? Est-ce pour gagner plus ? Est-ce pour gagner en liberté ? Est-ce pour m'épanouir professionnellement ? Est-ce que ma famille est prête à faire des concessions pour me suivre dans mon projet ? Si oui, quelles concessions ? Déménagement ? Absence répétée du repreneur accaparé par son affaire ? Est-ce que je suis prêt et est-ce que mes proches sont prêts à engager le patrimoine familial ? Est-ce que j'ai les moyens financiers de reprendre une entreprise ? Est-ce que j'ai les compétences pour reprendre une entreprise ? Quel est le secteur d'activité qui m'intéresse ? Est-ce plutôt un secteur connu (expérience professionnelle passée) ou un secteur inconnu mais porteur (opportunité d'affaires), Etc...
Une fois que la motivation est validée, vient l'heure de définir des priorités. En fonction des réponses apportées précédemment, vous devez normalement cerner plus précisément votre projet en terme de secteur d'activité, de budget, de situation géographique, etc. Si besoin, n'hésitez pas à prendre du temps pour vous former à votre futur métier de patron.
Etape 2 : Recherche de l'entreprise à reprendre
En fonction des priorités définies précédemment, vous allez pouvoir commencer à chercher votre future affaire soit en démarchant directement les franchiseurs de votre choix, soit en écumant les annonces dans la presse spécialisée, sur les sites dédiés ou encore dans les bases de données de la CCI ou de la Chambre des métiers. Cette phase de recherche est souvent instructive en ce sens qu'elle permet de rencontrer une multitude de personnes d'horizons divers qui vous apporteront leurs regards sur la création, la reprise, la gestion, le management, le secteur d'activité souhaité, les forces et faiblesses de votre projet, le potentiel d'une zone géographique...
Profitez bien de tous ces enseignements formels ou informels pour vous faire votre propre opinion ! Creusez chaque piste même si a priori, elles ne correspondent pas exactement à votre recherche. Souvent, de vraies opportunités se cachent sous des annonces peu engageantes. Le tout, bien sûr, est de garder la tête froide en toutes circonstances. De manière générale, il est urgent de prendre son temps ! Énervant parfois, mais salutaire en bout de course ! Il est aussi important de suivre plusieurs pistes en même temps pour ne pas se retrouver le bec dans l'eau après des mois de tractations avec une entreprise unique.
Etape 3 : Diagnostic de l'entreprise
Indissociable de la phase précédente, le diagnostic rapide d'une ou de plusieurs affaires en simultané vous permet de faire un premier tri entre les différentes propositions. Ce diagnostic vise essentiellement à écarter les entreprises qui ne présentent pas toutes les garanties que vous attendez et ne répondent pas exactement à votre projet. Le diagnostic est réalisable par le repreneur aux vues des bilans comptables, des plans financiers et juridiques. Il consiste notamment à avoir une vision d'ensemble de la santé financière et comptable de l'entreprise avec l'analyse des antécédents (3 derniers bilans, stocks, comptes de résultats), l'analyse de l'état actuel de l'entreprise (dettes, retards de paiements, etc), et le prévisionnel à 1 an.
A ces éléments strictement comptables s'ajoutent un état du personnel (âge, ancienneté, rémunérations, contrats de travail), des contrats d'assurance, des litiges en cours, et bien sûr, la teneur du contrat de franchise. Le repreneur doit pouvoir se faire une opinion sur l'outil de travail et notamment le local, les équipements, les stocks. Il doit s'assurer de la conformité des locaux, de l'état du bail en cours, des réglementations spécifiques du bâtiment s'il est en copropriété, les éventuels travaux à réaliser...
A l'issue de ces analyses croisées, vous devez avoir normalement toutes les cartes en mains pour décider ou non si l'entreprise diagnostiquée reste dans la course. Vous devez savoir notamment quelle est la rentabilité de l'affaire, la marge de manœuvre potentielle dont vous disposez pour la développer, les frais que vous allez devoir engager pour une éventuelle remise aux normes, les charges qui pèseront sur votre trésorerie concernant les salaires, les frais de banques, etc.
Dans l'hypothèse où l'activité de l'entreprise est vacillante, il peut être intéressant de savoir pourquoi avant de tirer un trait sur l'entreprise. S'il s'agit d'un problème de gestion, la reprise pourra être salutaire et vous pourrez disposer d'une belle marge de manœuvre pour progresser sans trop débourser à l'achat. S'il s'agit d'un problème de rentabilité du concept en franchise, passez votre chemin !
Le diagnostic succinct ne suffit bien évidemment pas pour signer le rachat ! Une rencontre formelle avec le franchiseur s'impose pour savoir si vous correspondez au profil du franchisé accepté par le réseau.
Etape 4 : Audit de l'entreprise / Evaluation du prix de l'entreprise
Lorsqu'une entreprise diagnostiquée correspond à vos priorités et présente une première analyse favorable, l'heure est venue de passer « aux choses sérieuses » en entamant un audit. Cette phase doit impérativement être réalisée avec l'appui au minimum d'un expert comptable indépendant de l'entreprise, et au besoin d'un avocat spécialiste de la franchise.
L'audit va plus loin que le diagnostic. Il reprend les éléments comptables et juridiques de l'entreprise, mais cette fois pour subir une analyse plus poussée et directement opérationnelle. L'idée est de pouvoir établir un prévisionnel fiable en prenant en compte tous les éléments à votre disposition.
Outre l'analyse des pièces comptables fournies, deux contrats doivent faire l'objet d'une attention toute particulière : le contrat de bail et le contrat de franchise.
Le contrat de bail est généralement transmis (sauf conditions particulières) à l'acquéreur dans les mêmes conditions. Ceci étant, mieux vaut s'assurer avec le propriétaire qu'aucune surprise ne vous attend !
Concernant le contrat de franchise, rares sont aujourd'hui les franchiseurs qui transmettent le contrat en cours au repreneur. Dans la très grande majorité des cas, le repreneur signe un nouveau contrat avec le franchiseur, contrat qui peut s'avérer être différent de celui signé par le cédant et qui est assorti du paiement d'un droit d'entrée plus ou moins conséquent selon la politique du réseau. Si le contrat est un nouveau contrat, le franchiseur se doit de respecter la loi Doubin. Un document d'information pré-contractuelle doit alors être remis dans les délais légaux. Ce contrat peut être négocié. S'il s'agit d'une transmission de contrat, le franchiseur n'a pas à remettre de DIP au repreneur puisque le contrat reste identique.
Lorsque vous avez tous les documents en main, les rapports d'analyse de l'expert comptable, les contrats de bail et de franchise, le prévisionnel de l'entreprise, il est possible de procéder à l'évaluation du prix de la cession. Cette évaluation réalisée par un expert selon plusieurs méthodes (patrimoniale, rentabilité, flux de trésorerie actualisés, comparative) fait souvent ressortir des points d'achoppement. Le montant de la cession finale est toujours sujet à controverse entre le preneur et le cédant.
Dans la majorité des cas, la négociation est serrée. Le cédant aura toujours la tentation de sur-évaluer son affaire et le preneur de sous-évaluer. Des compromis doivent donc être consentis de part et d'autre pour aboutir à un accord satisfaisant pour les deux parties. Si tel est le cas, mieux vaut renoncer !