Cadeaux d’occasion et franchises : la convergence de l’éthique et de la rentabilité

Une évolution des perceptions culturelles

Le regard sur la seconde main a radicalement changé en l’espace de quelques années. Selon l’étude 2025 Ifop pour Leboncoin (*), le cadeau d’occasion est passé d’un choix par défaut à un geste assumé. Près d’un Français sur deux a déjà offert un cadeau de seconde main, et un tiers prévoit d’en offrir au moins un pour Noël 2025, tandis que la part de personnes déçues à la réception chute à 12%, contre 17% en 2023.

Parallèlement, 80% des offreurs informent le destinataire, signe d’une normalisation totale, et plus de huit Français sur dix (83%) estiment qu’un cadeau d’occasion est d’aussi bonne qualité qu’un neuf. Chez les 16-34 ans, l’acceptation grimpe à près de 6 sur 10, portée par des économies de 40 à 70% et un impact écologique positif jugé bénéfique par 85% des sondés.

Les motivations derrière cet engouement pour le cadeau de seconde main sont multiples. L’aspect économique reste un facteur clé (51% des Français mettent en avant les économies réalisées), mais d’autres prennent de l’importance : 38% citent la lutte contre la surconsommation et 85% estiment que les cadeaux de seconde main sont bénéfiques pour l’environnement. Sans surprise, cette tendance se manifeste particulièrement chez les « digital natives » : les 18-24 ans sont 57% à avoir déjà offert un cadeau d’occasion, contre 28% des 65 ans et plus, via des plateformes comme Leboncoin ou Vinted.

Ainsi, longtemps associés à une nécessité économique, les achats de cadeaux d’occasion incarnent désormais un engagement écologique et un style de vie moderne. « Ces dernières années, les comportements d’achat envers les produits de seconde main ont évolué de manière significative. Longtemps perçue comme un choix par défaut, l’occasion est désormais vue comme une option responsable, économique et même tendance », souligne Arnaud Guérin, co-président de Cash Express.

Les franchises en première ligne

Face à cette évolution culturelle majeure, les franchises, et pas seulement celles spécialisées dans l’occasion, ont une carte à jouer. En intégrant la seconde main à leur modèle économique, elles peuvent s’inscrire dans une démarche à la fois rentable et responsable. Voici quelques exemples d’enseignes qui ont réussi à intégrer la seconde main dans leur modèle.

Cash Express : booster la confiance avec des garanties inédites

La seconde main est le fonds de commerce de Cash Express, acteur incontournable de l’économie circulaire en France. Son modèle repose sur une offre variée et qualitative : high-tech, bijoux, vinyles, objets rétro, ou encore appareils photo vintage. Pour fidéliser ses clients et rassurer les plus sceptiques, Cash Express a introduit une garantie de deux ans sur ses produits high-tech, une initiative inédite dans le secteur.

Cette stratégie contribue à changer la perception de la seconde main, notamment en matière de cadeaux de Noël. Les résultats parlent d’eux-mêmes : Cash Express enregistre une hausse de 30 à 40% de son chiffre d’affaires pendant les fêtes de fin d’année.

Mondial Tissus : allier recyclage et fidélité client

Dans un tout autre registre, Mondial Tissus, leader français des tissus et mercerie, a adopté une démarche écoresponsable innovante avec un programme de collecte et de revente de tissus de seconde main. Les clients peuvent apporter leurs tissus inutilisés, qui sont triés et revendus à un tarif attractif de 25 €/kg, soit environ la moitié du tarif des tissus neufs. En échange, ils reçoivent des points de fidélité, un avantage qui incite à recycler tout en renforçant leur lien avec l’enseigne.

Ce projet pilote, testé dans sept magasins, rencontre un franc succès : « L’enthousiasme de nos clients pour cette offre est très encourageant. Cette phase de test réussie incite d’autres magasins à vouloir adopter ce dispositif », affirme Marine Nagel-Lacroix, directrice marketing et communication de Mondial Tissus.

Gamecash : le modèle de la seconde main premium

Dans l’univers du gaming, Gamecash a bâti sa stratégie sur une offre mixte, combinant produits neufs et reconditionnés. Avec une gamme axée sur le rétro-gaming, les produits de collection et les cartes à jouer, l’enseigne séduit une clientèle variée, allant des passionnés aux familles en quête de cadeaux originaux.

L’élément différenciant de Gamecash réside dans son concept de « seconde main premium ». Chaque article reconditionné est soigneusement vérifié pour garantir une qualité irréprochable. Cette approche, couplée à une centrale d’achat optimisée, permet à l’enseigne de proposer des tarifs compétitifs et d’assurer une rentabilité rapide à ses franchisés. La moitié des magasins atteignent leur seuil de rentabilité dès le premier mois, un chiffre rare dans le secteur.

L’Occasion E.Leclerc : la grande distribution aussi investit le marché

Même la grande distribution adopte la seconde main. L’Occasion E.Leclerc, par exemple, propose un espace dédié à la revente d’articles d’occasion. Les clients peuvent y apporter leurs objets inutilisés et repartir avec du cash ou des bons d’achat valables dans les magasins du réseau.

Les articles collectés sont revendus avec une garantie de deux ans, un argument de poids pour rassurer les consommateurs. Cette initiative renforce l’image de responsabilité d’E.Leclerc tout en offrant aux clients une solution accessible pour leurs achats, notamment en période de fêtes.

Les franchises face à une nouvelle ère de consommation

Pour tirer profit de cet engouement et réussir à capter ce marché en pleine expansion, les commerçants doivent adopter une stratégie pertinente à plusieurs niveaux. Voici quelques pistes :

Valoriser les avantages clients

Proposer des garanties sur les produits d’occasion, comme le font Cash Express ou E.Leclerc, permet de lever les freins psychologiques liés à l’achat de seconde main, 83% des consommateurs étant sensibles à la qualité des produits.

Miser sur une communication responsable

La durabilité est un argument majeur pour séduire une clientèle consciente de son empreinte environnementale. Une communication axée sur l’impact positif des achats d’occasion sur la planète renforce l’image de marque et attire cette clientèle soucieuse de son impact écologique.

Diversifier l’offre produits

Des smartphones aux objets de collection en passant par les bijoux et vinyles, la diversité de l’offre est la clé pour séduire un public varié et augmenter le panier moyen. Identifier les produits les plus recherchés permet d’ajuster les stocks en fonction des saisons. Pour Noël par exemple, selon l’étude Ifop Leboncoin, les livres (57%) et les jouets (54%) figurent en tête des articles d’occasion les plus fréquemment offerts.

Exploiter les canaux digitaux

Les plateformes en ligne sont le principal lieu d’achat de cadeaux de seconde main (75% des acheteurs s’y rendent). Investir dans une présence digitale forte, associée à une véritable stratégie omnicanale, est donc indispensable pour capter ces clients dans leur parcours d’achat.

Une révolution durable et porteuse de sens

Bien plus qu’un simple effet de mode, l’essor des cadeaux de seconde main reflète une transformation profonde des mentalités et des comportements d’achat. En répondant à ces nouvelles attentes, les commerçants ont non seulement l’occasion de renforcer leur attractivité, mais surtout de s’inscrire dans une dynamique qui conjugue rentabilité et impact positif. Loin d’être une contrainte, cette révolution offre une formidable opportunité pour les acteurs du commerce d’être des pionniers dans l’ère d’une consommation plus responsable.

(*) Baromètre Ifop leboncoin – 3ᵉ édition (2023–2025)