Auto-entrepreneurs, qui êtes-vous ?
91 % des personnes interrogées estiment que le régime leur convient tel qu’il est
Dominique André-Chaigneau, writer
Publié le 16/12/2014 , Mis à jour le 12/03/2019, Temps de lecture: 3 min
Selon une récente étude menée par Opinion Way pour l’UAE (Union des Auto Entrepreneurs) et la Fondation Le Roch-Les Mousquetaires, les auto-entrepreneurs pourraient créer 15.000 emplois équivalent temps plein par mois.
Le régime auto-entrepreneur, qui sera prochainement fondu avec la micro-entreprise, a profondément bouleversé l’approche de l’entreprise depuis sa création en 2009. Aujourd’hui, près de 6 ans après le lancement de ce régime, pas loin d’un million cinq cent mille auto-entreprises ont été créées, et sur ce total, près d’un million d’auto-entrepreneurs sont actifs ! Un vrai succès qui perdure : chaque mois selon les chiffres Insee, une entreprise créée sur deux en France l’est sous le régime de l’auto-entreprise. |
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Pour mieux connaitre ces entrepreneurs, une étude réalisée par Opinion Way pour l’UAE (Union des Auto Entrepreneurs) et la Fondation Le Roch-Les Mousquetaires dressait dernièrement le portrait-robot des auto-entrepreneurs. Que nous apprend cette étude ? Que si 47% des sondés « sans autre activité », la majorité des auto-entrepreneurs cumulent leur activité avec une autre situation (23% sont salariés, 20% retraités, 4% fonctionnaires et 6% demandeurs d’emploi). « Plus paritaire que pour les autres catégories d’entreprises (homme 59% et femme 41%) » l’auto-entrepreneur est davantage originaire du sud-est (30%) que de région parisienne 23% et du sud-ouest 12%. Il est âgé de 35 à 64 ans (61%). 86% des personnes interrogées expliquent travailler pour plus d’un client, 22% travaillent pour 6 à 10 clients et 16% pour plus de 50 clients par an.
Autre trait commun de l’auto-entrepreneur : 91% des personnes interrogées estiment que le régime leur convient tel qu’il est. Ils ne se reconnaissent pas dans la dénomination « micro entreprise » et expriment majoritairement leur attachement au terme d’« auto-entrepreneur » (à 59%). « Attachés à la simplicité du régime, 51% des auto-entrepreneurs interrogés avouent qu’ils cesseraient leur activité si ce régime devenait trop complexe » résume l’étude tandis que 36% continueraient leur activité sous un autre statut (EURL, EIRL, SARL, SAS).
Des activités à potentiel
L’autre grand enseignement de cette étude tient en un fait : l’auto-entrepreneur n’a rien d’un solitaire. Ainsi, 24% des auto-entrepreneurs déclarent avoir déjà confié une partie de leur travail à un autre autoentrepreneur face à un pic d’activité « ou estiment qu’ils pourraient se trouver dans cette situation à l’avenir ». Cette activité déjà transférée s’élèverait à 21 heures par mois en moyenne, ce qui est trop peu pour embaucher, mais suffisamment conséquent tout de même si l’on multiplie ces quelques heures par le nombre d’auto-entrepreneurs concernés. Ainsi, selon les calculs de l’UAE, cela pourrait représenter jusqu’à 15.000 emplois équivalent temps plein.
Et pour enfoncer le clou, 61% des auto-entrepreneurs interrogés affirment être favorables à un assouplissement des seuils en échange de la possibilité d’exercer en réseau. « 1 auto-entrepreneur sur 3 serait intéressé ou est déjà rôdé à un travail en réseau, en « association », pour répondre à des demandes. » 57% seraient d’ailleurs favorables à cette façon de travailler si un mécanisme simplifié leur permettait de le faire. « Dans un contexte de création d’emploi si délicat, la confiance dans l’initiative individuelle démontre toute sa potentialité » affirme François Hurel, Président de l’UAE.
Du petit boulot, à l’activité temps plein
L’enquête montre aussi une évolution des objectifs de créations. « Désormais, pour 55% des auto-entrepreneurs, il s’agit de créer une activité principale pour dégager un revenu minimum au moins égal au smic, contre 45% qui se fixent comme priorité que leur « auto-entreprise soit un succès et progresse ». Cette évolution qui s’inscrit dans un contexte de crise et de recrudescence du chômage, montre bien la pragmatisme des auto-entrepreneurs. « Si le régime reste une activité secondaire pour de nombreux créateurs, le taux de déclarants affirmant qu’il s’agit d’une activité principale est en forte hausse (+ 6% pour s’établir à 54%). »
Ce chiffre pourrait paraître contradictoire avec le fait que seulement 2 auto-entrepreneurs sur 3 affirment y consacrer moins de 35h par semaine, mais pour François Hurel, cette contradiction n’en est pas une : « Il faut sortir des idées reçues pour comprendre les autoentrepreneurs. Dans leur grande majorité ils ont un vrai projet d’entreprise mais, n’hésitent pas, dans un premier temps, à prendre la liberté de ne pas y consacrer tout leur temps. Il est donc essentiel d’avoir cette perspective lorsqu’on observe les revenus générés. » Chez 58% de ceux qui consacrent plus de 35 heures par semaine à cette activité, elle représente par ailleurs de 75% à 99% de leurs revenus.
Dominique André-Chaigneau, writer